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L'avion P-8 de Boeing a bénéficié d'un avantage injuste dans l'appel d'offres canadien, affirment des entreprises

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VICTORIA, Colombie-Britannique — Boeing bénéficiait d'un avantage injuste sur d'autres sociétés dans la compétition canadienne pour les nouveaux avions de surveillance, ont affirmé les dirigeants de deux grandes entreprises.

Éric Martel, président de Bombardier, et Joel Houde, vice-président de la division internationale de General Dynamics Mission Systems, ont écrit dans une lettre adressée au ministre canadien des Services publics et de l'Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, que le remplacement proposé du CP-140 de l'Aviation royale canadienne L'avion Aurora était biaisé en faveur du P-8.

Le 27 juin, le Département d'État américain a approuvé une vente militaire étrangère au Canada portant sur 16 avions P-8A et équipements connexes, pour un coût estimé à 5.9 milliards de dollars.

Mais dans la lettre du 23 octobre adressée à Duclos, vue par Defence News, Martel et Houde ont déclaré que leurs entreprises, ainsi que 22 autres entreprises, avaient répondu de bonne foi à une demande d'information du gouvernement canadien en 2022.

La DDR a demandé l'avis de l'industrie sur un nouvel avion de surveillance dans le cadre du projet d'avion multimission canadien. L'avion devrait être pleinement opérationnel d'ici 2040, selon la demande du gouvernement canadien.

Bombardier de Dorval, au Québec, ainsi que General Dynamics Mission Systems-Canada d'Ottawa, en Ontario, ont proposé un avion de mission spéciale Global 6500.

Mais dans leur lettre à Duclos, les deux dirigeants ont noté que les responsables des marchés publics du 17 octobre avaient déclaré aux législateurs que la demande avait « les caractéristiques d’une activité délibérée visant à orchestrer un résultat particulier ».

« Pire encore, leur témoignage a également révélé que des exigences n'étaient pas imposées à l'industrie canadienne, procurant ainsi un avantage à une entreprise américaine et aboutissant apparemment à un résultat biaisé », ajoute la lettre, citant un témoignage devant un panel de défense de la Chambre des communes.

Les responsables des achats ont reconnu devant le comité qu'ils n'avaient jamais demandé l'avis d'entreprises canadiennes ni examiné d'avions autres que le P-8.

« Il est inexplicable que les responsables du gouvernement canadien puissent conclure qu'il n'y a pas de solution canadienne [pour répondre aux exigences des avions] alors qu'aucun expert de l'aérospatiale n'a rencontré l'industrie canadienne pour examiner l'ingénierie détaillée derrière les alternatives de l'industrie canadienne », ont écrit Martel et Houde.

Le bureau de Duclos n'a pas répondu aux questions spécifiques soulevées dans la lettre, mais a noté qu'une décision finale concernant un nouvel avion de surveillance n'avait pas encore été prise. Cette décision « sera basée sur la capacité offerte, la disponibilité, les prix et les avantages pour l'industrie canadienne », selon un communiqué du cabinet du ministre.

Boeing, qui a refusé de commenter, a mené une campagne de relations publiques pour soutenir le projet d'accord P-8, soulignant qu'il compte plus de 550 fournisseurs canadiens à travers le Canada, dont 81 contribuent directement au programme P-8.

Intervention politique

L'armée canadienne avait initialement prévu de lancer un concours en 2024 pour remplacer la flotte de CP-140 Aurora de l'Aviation royale canadienne. La date limite de dépôt des offres a été fixée à 2027.

Outre le P-8 de Boeing et le Global 6500 de Bombardier, la société japonaise Kawasaki a présenté son avion P-1.

Mais, surprise, en mars, le Canada a demandé au gouvernement américain un prix pour une flotte de P-8 Poséidons. Services publics et Approvisionnement Canada, le ministère fédéral des contrats, avait annoncé à l'époque que le P-8 était le seul avion capable de répondre aux besoins du Canada.

Cela a déclenché une campagne de lobbying de la part de Bombardier et de ses partenaires industriels, incitant les premiers ministres des deux plus grandes provinces du pays à appeler à un appel d'offres ouvert qui permettrait aux fournisseurs canadiens de soumissionner.

Le premier ministre du Québec, François Legault, et le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, ont publié le 12 juillet une déclaration conjointe appelant le premier ministre Justin Trudeau à permettre aux entreprises canadiennes de concourir pour fournir à l'Aviation royale canadienne un nouvel avion de patrouille maritime.

« Ces entreprises nationales devraient être en mesure de participer à des appels d'offres ouverts et transparents pour des marchés canadiens importants, comme le remplacement des avions multimissions du Canada », ont noté les premiers ministres. Ils ont également appelé Trudeau et les autres ministres du gouvernement libéral au pouvoir « à défendre les secteurs de l’aérospatiale et de la défense de l’Ontario et du Québec et à permettre à nos entreprises de participer à un appel d’offres ouvert de la CMMA ».

L'Ontario a la plus grande économie au Canada, suivi du Québec. Cette dernière est la plus grande des 10 provinces du Canada en termes de superficie et vient juste après l'Ontario en termes de population.

« Il s'agit d'un contrat important et nous pouvons comprendre que le gouvernement américain doive mettre beaucoup de pression sur le gouvernement canadien. Mais nous avons une entreprise canadienne, Bombardier, qui possède des usines en Ontario et au Québec qui peuvent fournir ce dont nous avons besoin », a déclaré Legault aux journalistes le 10 juillet à Winnipeg, où il rencontrait d'autres premiers ministres.

Des sources de l'industrie prévoient que le gouvernement canadien examinera et approuvera l'achat du P-8 en novembre. Cependant, les responsables gouvernementaux n'ont pas fourni de détails sur la décision finale ni sur le calendrier de l'annonce.

David Pugliese est le correspondant canadien de Defence News.

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